Trois mâts auxquels arrimer une toile d’interactions, de choix concertés, de collecte de données, de réajustements pédagogiques, de partage du savoir entre collègues, de questionnements. Dans les écoles à haut niveau de rendement, la dynamique créée par l’interaction des trois pôles contribue de façon notable à la réussite des élèves. Elle s’apparente à la tension des voiles d’un bateau pour en favoriser la prise au vent. C’est le point de tension créé par ces ancrages qui permet de délimiter un espace d’action. C’est à cet endroit que tout arrive quand la toile soutenue par ces pôles est bien tendue et que les changements se mettent en place.
Les stratégies à haut rendement
Quelles sont les interventions à haut rendement, celles qui répondent aux besoins spécifiques des élèves? Comment évaluer les pistes de solutions proposées? Comment amorcer les changements et intégrer ces stratégies aux pratiques actuelles? Telles sont les questions qui amènent à identifier puis à implanter les stratégies à haut rendement.
Une CAP, c’est se donner une rigueur et une structure facilitante qui ne laisseront pas l’impression que la tâche s’alourdit, mais bien qu’on modifie notre façon de faire pour faciliter et augmenter l’efficacité. » – Marie-Josée, directrice par intérim, école primaire
Les stratégies recherchées visent, entre autres, l’utilisation du matériel d’apprentissage, les regroupements des élèves, la gestion de classe et les référentiels à utiliser. Un enseignement efficace est un facteur clé de la réussite scolaire. Les membres de l’équipe-école documentent, données à l’appui, les pratiques qui ont été appliquées avec succès auprès de leurs élèves et bâtissent ainsi un répertoire de pratiques réussies adapté aux besoins de leur milieu.
la régulation des apprentissages
Le deuxième pôle vise à mettre en place une régulation des apprentissages à l’aide de collectes de données régulières auprès des élèves.
Quelques questions à se poser
- Qu’est-ce que ces données nous indiquent?
- Quels sont les élèves qui nous préoccupent?
- Qu’est-ce que l’on devrait enseigner de façon intensive à certains élèves à risque?
- Comment pourrait-on faire les regroupements des élèves en salle de classe pour mieux intervenir en petits groupes?
- Y a-t-il des éléments qui devraient être enseignés à toute la classe?
Implanter une culture de données n’est pas une fin en soi, mais un moyen efficace pour appuyer la prise de décisions éclairées. Réguler les apprentissages c’est adapter son enseignement selon les effets observés sur les élèves. Vue sous cet angle, l’évaluation est utilisée pour soutenir l’enseignement et pour améliorer l’apprentissage des élèves.
On ne perd pas notre temps à montrer à l’élève les lettres qu’il connait déjà.
Nous avons évalué les enfants de la maternelle sur la reconnaissance des lettres. Nous avons appris que ça ne donnait rien d’aller plus loin avec les consonnes longues parce que les enfants les savaient déjà. » – Geneviève, enseignante, école primaire
La collecte de données
Une collecte de données favorise l’ajustement de l’enseignement, amène à effectuer des interventions pédagogiques ciblées en fonction de la zone proximale de développement de chaque élève et à identifier rapidement les élèves à risque. Quels outils utiliser pour collecter des données précises chez les élèves en fonction du domaine d’apprentissage ciblé? À quelle fréquence ferons-nous la collecte de données? Avons-nous une compréhension commune des résultats? Si ce n’est pas le cas, comment pouvons-nous harmoniser notre façon de les interpréter? Autant de questions qui permettent à une école de cheminer dans ce deuxième pôle concernant la collecte de données précises.
La zone proximale de développement
Un questionnement ciblé
En intégrant la collecte de données à la pratique, c’est toute une culture de questionnement basée sur ces données qui se met en place : leur analyse, faite lors de rencontres collaboratives, vise à ce que les membres de l’équipe-école dépassent le stade des perceptions subjectives et développent une compréhension commune. Ils tirent ainsi des conclusions qui font consensus et prennent des décisions concertées pour le bénéfice de leurs élèves. L’analyse des données facilite les prises de décisions éclairées et ouvre la porte à des discussions constructives.
Le travail en équipe collaborative
Une CAP vise à ce que l’amélioration des connaissances et des compétences des enseignants ait des retombées tangibles sur la performance des élèves et sur leur réussite. C’est en équipe collaborative que les enseignants déterminent les objectifs d’apprentissage qui devraient être communs ainsi que les apprentissages qu’il faut développer à chaque année d’études.
Les objectifs sur lesquels nous travaillions étaient tellement précis! J’avais l’impression que nous parlions le même langage. On évaluait avec le même logiciel les mêmes éléments d’apprentissage. On se ressemblait de plus en plus malgré nos clientèles différentes. » – Lucie, enseignante, formation générale des adultes
La concertation des intervenants vise une harmonisation des pratiques qui augmente la capacité à bâtir sur le travail de leurs collègues d’année en année. Elle sert d’appui aux nouveaux concepts que l’élève doit apprendre en les reliant aux apprentissages déjà acquis.
Quelques questions à se poser
- De qui sera composée chaque équipe collaborative?
- Quel sera le rôle de chacun?
- Comment se dérouleront nos rencontres?
- Quand auront-elles lieu? À quelle fréquence?
- Comment assurerons-nous le suivi aux rencontres?
Amener l’élève à réussir
Dans une CAP, l’élève est au centre de toutes les préoccupations pédagogiques du personnel scolaire. L’intention première qui anime l’équipe-école est la réussite de cet élève. Trouver les pratiques à haut rendement qui permettent de surmonter un défi pédagogique particulier devient l’affaire de tous. Les solutions envisagées amènent à un partage d’expertise qui incite à l’amélioration des compétences en enseignement.
L’interaction entre les trois pôles
La dynamique créée entre un enseignement efficace, une culture de collecte et d’analyse de données et le travail en équipe collaborative centré sur les besoins de l’élève provoque une synergie qui contribue à la réussite des élèves. Ces trois pôles doivent être en constante interaction. Ainsi, il ne suffit pas de simplement discuter en équipe collaborative des pratiques à haut rendement (pôle 3), mais il faut passer à l’action et les mettre en pratique (pôle 1). Il ne suffit pas de collecter des données (pôle 2), mais il s’avère essentiel d’en faire régulièrement une analyse collective et approfondie (pôle 3). Dans les écoles qui atteignent un haut niveau de fonctionnement comme communauté d’apprentissage professionnelle, les trois pôles sont constamment en interaction. Les membres du personnel ont implanté des pratiques d’enseignement reconnues comme efficaces en fonction du domaine d’apprentissage ciblé et du profil de leurs élèves (pôle 1), utilisent des données précises pour situer l’évolution des élèves (pôle 2) et discutent régulièrement, lors des rencontres collaboratives, des profils des élèves pour trouver les interventions à haut rendement (pôle 3).